Le Syndrome de l’intestin irritable, c’est dans la tête ?

Le Syndrome de l’intestin irritable ne s’accompagne d’aucune affection organique ni de marqueurs biologiques. C’est dans la tête, alors ? Non, ou en tout cas pas entièrement. À l’occasion du dernier Symposium international Yakult, le professeur Guarner s’est intéressé au syndrome et a remis en question les régimes restrictifs. Récapitulatif.

EN BREF :

Des facteurs tant psychologiques que physiques sont à l’origine de l’apparition du SII
Le microbiote intestinal est essentiel pour digérer la nourriture
Le régime pauvre en FODMAP ne brise pas le cercle vicieux du SII
Une piste thérapeutique possible passe par l’exposition aux aliments
L’utilisation de pré- et probiotiques peut aider le microbiote intestinal

De grandes avancées ont été accomplies ces dernières années dans le domaine de recherche du microbiote intestinal. Le Symposium International Yakult d’octobre 2022 a rassemblé des expert(e)s de haut vol, aussi bien sur scène que dans le public. Aujourd’hui, le microbiote intestinal dévoile des possibilités prometteuses et pourrait bien être la clé de notre santé. Le Syndrome de l’intestin irritable (SII) était l’un des sujets abordés.

Le Syndrome de l’intestin irritable, un trouble psychologique et physique

Les troubles gastro-intestinaux sont extrêmement fréquents : tout le monde y sera confronté sous une forme ou une autre à un moment de sa vie. Mais pour parler de Syndrome de l’intestin irritable, il faut rencontrer certains critères précis (fréquence, gravité…). Le diagnostic du SII est en effet posé à l’aide des CRITÈRES DE ROME IV. Dans la mesure où ce syndrome n’est associé à aucune affection organique ni marqueur biologique, il est logique de se demander si le SII est d’ordre psychologique.

Le SII, ce n’est pas seulement dans la tête, a expliqué le professeur Guarner lors du Symposium international Yakult. Une étude effectuée sur des patient(e)s après la consommation de salade le démontre clairement : statistiquement, la production de gaz intestinaux ne s’est pas révélée plus élevée que parmi le groupe de contrôle. On a toutefois constaté une dilatation abdominale, avec contraction du diaphragme affectant le volume intra-abdominal. Ce qui pourrait expliquer les troubles.

Ces personnes souffrent d’une hypersensibilité viscérale déclenchée par la nourriture. Néanmoins, un important facteur mental joue également un rôle dans l’apparition du SII, selon le professeur Guarner : une personne atteinte du SII peut présenter des troubles rien qu’à la vue de certains aliments, et ce, par conditionnement.

« Les bactéries intestinales abritent un demi-million de gènes et vingt mille fonctions métaboliques, nécessaires notamment pour digérer de nombreux légumes. »

Professeur Francisco Guarner – Teknon Medical Centre, Barcelone (Espagne)

Le régime pauvre en FODMAP est-il dépassé ?

Parmi les conseils généralement dispensés en cas de Syndrome de l’intestin irritable, on retrouve le régime pauvre en FODMAP. Le professeur Guarner explique que ces restrictions sont efficaces mais qu’elles ne brisent pas le cercle vicieux. En effet, le fait d’adapter son alimentation entraîne une modification du microbiote intestinal. Les bactéries intestinales étant nécessaires pour la digestion des aliments (riches en FODMAP), un cercle vicieux se crée.

LE RÉGIME PAUVRE EN FODMAP | Pour rappel : tous les aliments contenant des FODMAP sont supprimés dans une première phase, avant d’être progressivement réintroduits afin de comprendre quels aliments sont responsables des symptômes.

Plutôt que la suppression, le professeur Guarner préconise l’exposition aux aliments, en combinaison avec une thérapie cognitivo-comportementale et la consommation de prébiotiques pour aider le microbiote intestinal. Ainsi, il est possible de réapprendre à apprécier la nourriture, sans montrer de symptômes sévères.

Pour en savoir plus, découvrez notre interview exclusive du professeur Guarner.