Que nous apprend le microbiote des seniors ?

Le vieillissement physiologique s’accompagne d’une altération du microbiote intestinal susceptible d’entraîner une inflammation chronique de bas grade pouvant favoriser le développement de comorbidités liées à l’âge. Faisons le point avec trois études sur ce sujet.  

Messages clés :

  • Le vieillissement est associé à une altération du microbiote intestinal  
  • La composition, la diversité et les caractéristiques fonctionnelles du microbiote sont alors modifiées  
  • Cette altération favoriserait le développement de pathologies liées à l’âge  
  • Elle pourrait également perturber l’axe intestin-cerveau et être ainsi à l’origine d’un déclin cognitif  

La dysbiose dans les pathologies liées à l’âge

Les études existantes mettent en évidence une dysbiose plus fréquente chez les seniors. L’altération de la flore bactérienne se manifeste surtout par une diminution du nombre de « bonnes » bactéries, comme les bifidobactériesBifidobacterium») et les lactobacilles  Lactobacillus »), et de bactéries qui produisent des acides gras à chaîne courte. Une augmentation des bactéries commensales, potentiellement inflammatoires, y est associée.  


Good to know : Des changements importants liés au vieillissement seraient à l’origine de l’altération du microbiote intestinal : âge biologique, apports nutritionnels, diminution de l’activité physique, prise d’antibiotiques…

Selon les auteurs de cette étude1, la dysbiose constitue le principal facteur de risque de développement de morbidités liées à l’âge. Elle perturbe en effet le fonctionnement de la paroi intestinale, parfois jusqu’à provoquer un syndrome d’hyperperméabilité intestinale (« leaky gut »). Chez les seniors, cela peut entraîner une baisse de l’immunité et une inflammation chronique de bas grade – également connue sous le nom d’« immunosénescence » ou « inflammaging ».  

Les centenaires en bonne santé présentent également une altération du microbiote, mais la « bonne » flore commensale, ainsi que sa diversité, est préservée, ce qui expliquerait leur vieillissement en bonne santé. La diminution de la biodiversité bactérienne peut en revanche exacerber la dysbiose chez les seniors fragiles.  

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L’état du microbiote intestinal des seniors, un indicateur du déclin cognitif  

La modification de la composition, de la diversité et des caractéristiques fonctionnelles du microbiote intestinal peut aussi perturber le bon fonctionnement de l’axe intestin-cerveau. Selon cette deuxième étude2, le dérèglement de cet axe de communication joue un rôle déterminant dans l’apparition de certains déficits cognitifs liés à l’âge. Trois mécanismes sont susceptibles d’altérer les fonctions cognitives de seniors :  

  • La libération de cytokines pro-inflammatoires et de toxines bactériennes dans la circulation sanguine.  
  • L’inhibition de la transmission synaptique entre le système nerveux entérique et le système nerveux central.  
  • L’inhibition de la production et de la libération de neurotransmetteurs microbiens et d’hormones dans le cerveau. 

 Le vieillissement cérébral est souvent associé à un déclin cognitif et au développement de maladies neurodégénératives, comme la maladie de Parkinson et la maladie d’Alzheimer. Le lien de cause à effet semble évident de prime abord : l’altération du microbiote intestinal contribuerait au développement de ces maladies. Il ne s’agit toutefois là que d’une hypothèse et il faut donc encore déterminer si le déclin cognitif est une conséquence de la modification du microbiote ou un simple facteur favorisant.  

D’autres recherches sont également nécessaires pour déterminer si le microbiote intestinal joue un rôle dans la ventilation par sexe de ces pathologies, comme l’ont indiqué ces études3,4.

 

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Vieillir en bonne santé grâce à une alimentation adaptée et des probiotiques  

La santé du microbiote intestinal est clairement corrélée à l’état de santé général des seniors. Il est toutefois prématuré d’affirmer que des mesures diététiques ou la consommation de prébiotiques et de probiotiques peuvent augmenter le nombre d’années de vie en bonne santé. Une hypothèse est que le renforcement des « bonnes » bactéries présentes dans le microbiote pourrait améliorer l’immunité de l’hôte. 

La complexité de ce champ d’étude appelle à la prudence quant à l’interprétation des résultats de ces études. De nombreux autres facteurs jouent en effet un rôle, comme l’origine ethnique, l’âge, le régime alimentaire, l’environnement… Chaque microbiote étant unique, il est difficile de tirer des conclusions générales.