Les probiotiques ne sont pas une invention récente de l’industrie agroalimentaire. Le terme date de 1953, mais leurs premières traces sont bien plus anciennes. La compréhension de leurs mécanismes d’action et de l’effet des souches bactériennes est une réalité qui anime la recherche actuelle.

Les premières traces des probiotiques remontent à l’époque néolithique, entre 10.000 et 5.000 avant J.-C. au Moyen-Orient. Du lait était conservé par des gardiens de troupeaux dans des sacs en peau de chèvre. Et le soleil brûlant a fortuitement eu pour effet de fermenter le lait…
Les origines du kéfir, un lait fermenté qui repose sur l’association de bactéries lactiques et de levures, se situent aux alentours de 7.000 ans avant J.-C., au même titre que d’autres aliments fermentés comme le vin et la bière. Mais l’intérêt de ces découvertes accidentelles, lui, n’a réellement été pris en considération qu’au 19ème siècle.

De Louis Pasteur… à 2018

Tout démarre en effet réellement avec Louis Pasteur en 1857. Cette année-là, il publie un «Mémoire sur la fermentation appelée lactique», qui établit l’origine microbienne de la fermentation et peut être considéré comme l’acte de naissance de la microbiologie. En 1863, il mettra au point la pasteurisation.

Plus tard, Ernst Moro (1900) et Henry Tissier (1899) font des avancées considérables dans leur caractérisation, avec l’isolement des Lactobacillus et Bifidobacterium. Les effets  des bactéries lactiques sont évoqués pour la première fois en 1908, par Elie Metchnikoff dans l’un de ses 3 livres: The Prolongation of Life.

En 1921, le scientifique Dr Minoru Shirota reprend la théorie de Metchnikoff. Son but était de trouver une bactérie capable d’arriver vivante dans les intestins. Ses recherches aboutiront au développement de Yakult, en 1935.

1953 voit l’introduction du terme «probiotique» par Werner Kollath, un médecin allemand qui lui associe des «substances actives qui sont essentielles à une vie en bonne santé». Mais en Europe, la science des probiotiques ne débute qu’au cours des années 1990, avec la publication des premiers résultats de recherches cliniques sur le sujet, et la définition scientifique des probiotiques, acceptée par la FAO/OMS en 2001.

Rien qu’en 2017, près de 2.693 publications scientifiques ont été consacrées aux seuls probiotiques. Des probiotiques sont disponibles sous de nombreuses formes.

Et aujourd’hui, où en sommes-nous?

Le scope et l’usage approprié du terme «probiotique» ont considérablement évolué. En 2014, un consensus d’experts internationaux en a régi un nouveau cadre, à la lumière des avancées scientifiques.

Les effets des probiotiques sont multiples et variés. Mais leur complexité est grande, car de nombreux facteurs interviennent, dont la spécificité de la souche probiotique employée. Cependant, les avancées récentes dans la compréhension de la composition et de la fonction du microbiote humain et de son microbiome permettent aujourd’hui de mieux définir les bénéfices pour la santé de nombreux probiotiques.

Que peuvent faire réellement les probiotiques? Tout est une question de fenêtre d’opportunités. L’une d’entre elles est l’usage généralisé des antibiotiques, dont l’impact négatif sur l’équilibre du microbiote, surtout au plus jeune âge dans un intervalle critique de développement de l’immunité, est considéré comme l’un des éléments dans l’évolution croissante des affections d’origine immunitaires (allergies, diabète de type 1, asthme, Crohn,…).
C’est ici qu’entrent en scène les probiotiques dans le rétablissement d’un certain équilibre bactérien au sein du microbiote. Leurs effets bénéfiques se mesurent dans plusieurs domaines, mais avec des preuves scientifiques à différents niveaux.

L’effet souche est déterminant

Des preuves solides existent pour des effets de différents probiotiques dans:

  • la diarrhée
  • le syndrome de l’intestin irritable
  • la modulation du système immunitaire
  • l’intolérance au lactose
  • l’entérocolite nécrosante
  • la production d’acides gras à chaîne courte
  • la production de vitamines
  • la vaginose

D’autres études sont encore nécessaires afin de clarifier et confirmer le rôle des probiotiques dans:

  • les infections communes (le rhume, par exemple)
  • les maladies inflammatoires de l’intestin
  • l’obésité et le syndrome métabolique
  • la santé bucco-dentaire
  • la prolifération bactérienne de l’intestin grêle

Des recherches sont en cours dans:

  • l’allergie
  • la fonction cérébrale
  • le contrôle du cholestérol
  • Helicobacter pylori
  • l’hypertension

Il convient de rester réaliste sur la portée des effets des probiotiques, étant donné qu’il existe une grande variabilité interindividuelle et qu’ils sont aussi avant tout étroitement associés à la souche utilisée.