Microbiote intestinal et COVID-19 : quel rapport ?

Le coronavirus provoque une surréaction du système immunitaire qui peut entraîner de graves risques pour la santé. Soutenir le mécanisme de défense pourrait avoir un effet bénéfique sans le stimuler davantage. Microbiote intestinal et COVID-19 : faisons le point.

Lorsqu’il est infecté par le SARS-Cov-2, le système immunitaire active un mécanisme de défense tel qu’observé dans d’autres infections respiratoires. C’est l’exacerbation du phénomène qui différencie ce virus des autres. Celle-ci entraîne un orage de cytokines, qui s’infiltrent dans les tissus sains et limitent l’absorption d’oxygène, avec des effets extrêmement néfastes sur les poumons, le cœur, le foie et les intestins (1).

 

Le lien entre microbiote intestinal et COVID-19 

Les bactéries du microbiote intestinal jouent un rôle essentiel à plusieurs niveaux : elles empêchent la colonisation des agents pathogènes, sont liées à la production de vitamines et de métabolites et à l’interaction avec le système immunitaire de l’hôte. Des études montrent également que les bactéries intestinales peuvent atténuer les mécanismes de défense de l’hôte sans compromettre sa santé. Il est intéressant de noter que les rapports sur l’évolution de la maladie chez les patients atteints de COVID-19 montrent une dysbiose des bactéries intestinales, associée à une faible réponse aux agents pathogènes et à l’inflammation (2,3).

 

Ces études et observations suggèrent le rôle crucial des bactéries intestinales et les interactions majeures du microbiote intestinal pour la santé de l’hôte.

 

Microbiote, vitamine A, butyrate et probiotiques 

Il est clair que le microbiote intestinal joue un rôle dans le système immunitaire et les réponses immunitaires (4,5). Cependant, celles-ci peuvent être influencées par l’alimentation. Ainsi, la vitamine A peut être activée par les bactéries intestinales lorsqu’elles sont ingérées par l’hôte. L’activation de la vitamine A peut contribuer au mécanisme de défense. 

 

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L’invasion des agents pathogènes est favorisée par une perméabilité accrue et une détérioration de la paroi intestinale, ce qui leur permet d’atteindre plus rapidement les organes vitaux. Un microbiote sain et équilibré est donc essentiel. 

 

Le butyrate peut être un facteur clé dans le traitement des maladies respiratoires (6). En effet, cet acide gras à chaîne courte a démontré son efficacité dans la régulation du transport des globules blancs vers les poumons et dans le renforcement de la fonction pulmonaire chez les patients atteints de pneumonie allergique (7). Par ailleurs, le butyrate pourrait jouer un rôle thérapeutique dans la lutte contre la COVID-19, car l’infection au virus provoque des taux sanguins élevés de IL-6 pro-inflammatoire, considérés comme un facteur prédictif de mortalité élevée (8). Des recherches antérieures indiquent que le butyrate peut faire baisser ces valeurs.

Et les probiotiques ? Certaines souches de probiotiques peuvent réduire les dommages aux poumons en équilibrant les signaux pro-inflammatoires et immunorégulateurs, comme le montre une étude (9). Selon d’autres travaux de recherche (10)L. acidophilus CMCC87, après inoculation avec S. aureus et P. aerunginosa, réduit le contenu bactérien des poumons, les dommages et l’inflammation systémique.

Un nombre croissant d’experts recommandent l’utilisation de probiotiques chez les patients atteints de COVID-19 pour renforcer le microbiote intestinal et éviter une infection bactérienne secondaire (1,11).

 

1. Xie P., et al., Frontiers in Public Health, 2020. 8(189).
2. Gao Q.Y., et al., J Dig Dis, 2020. 21(3): p. 125-126.
3. Xu K., et al., Zhejiang Da Xue Xue Bao Yi Xue Ban, 2020. 49(1): p. 0.
4. Abt M.C., et al., Immunity, 2012. 37(1): p. 158-70.
5. Zelaya H., et al., Front Immunol, 2016. 7: p. 633.
6. Dang A.T. and B.J. Marsland, Mucosal Immunol, 2019. 12(4): p. 843-850.
7. Theiler A., et al., J Allergy Clin Immunol, 2019. 144(3): p. 764-776.
8. Archer D.L. and D.C. Kramer, Frontiers in medicine, 2020. 7: p. 292-292.
9. Chong H.X., et al., J Dairy Sci, 2019. 102(6): p. 4783-4797.
10. Shoaib A., L. Xin, and Y. Xin, Pak J Pharm Sci, 2019. 32(4): p. 1621-1630.
11. Baud D., et al., Frontiers in public health, 2020. 8: p. 186-186.