Hypothèse de l'hygiène

On a longtemps cru que notre mode de vie ‘ultra-propre’ était à l’origine de l’augmentation constante des maladies de civilisation comme les allergies et maladies auto-immunes.

Cette hypothèse de l’hygiène suggérait qu’une diminution de l’exposition aux vecteurs de maladies, comme les bactéries pathogènes et virus, était à l’origine de ces maladies de civilisation [1].

La solution prônée était de vivre et manger moins hygiéniquement. Néanmoins, cette hypothèse ne répondait pas à toutes les questions que l’on se posait et elle a suscité pas mal de discussions.

Vieux amis!

L’avancée vint lorsqu’on comprit que ce n’était pas le manque de contact avec les agents infectieux qui était à l’origine de ces maladies, mais plutôt le manque de contacts précoces avec les bons micro-organismes [2].

Cette évolution de la théorie s’appelle le ‘Old friends model’ ou l’hypothèse de l’hygiène révisée [3]. Ces ‘vieux amis’ sont en fait des micro-organismes relativement inoffensifs, tels que certaines levures, bactéries ou vers, qui étaient alors abondants dans notre environnement.

Depuis que les aliments sont stérilisés et fabriqués dans un environnement ‘ultra propre’, les micro-organismes potentiellement dangereux ont disparu, mais pas uniquement. Tous les micro-organismes non pathogènes (nos vieux amis), naturellement présents sur ces aliments, sont aussi détruits.

Les antibiotiques ont également un impact sur le nombre de ‘vieux amis’ présents dans la flore intestinale. Notre alimentation a également un impact: une alimentation pauvre en fibres, riche en protéines et en sucres ajoutés favorise la croissance des micro-organismes potentiellement néfastes, au détriment des micro-organismes non pathogènes.

La réponse immunitaire

Lorsqu’il n’y a pas assez de ‘vieux amis’, une réponse immunitaire inappropriée se met en place due à un signal insuffisant des cellules dendritiques vers les tregs (lymphocytes T régulateurs), qui sont chargés de modérer/réguler la réaction immunitaire.

Ces petites réponses immunitaires locales peuvent alors mener à une maladie auto-immune, allergie, maladie inflammatoire…

Un article paru dans Nature Clinical Practice ayant pour titre « Mechanisms of disease: the hygiëne hypothesis revisited » met l’accent sur l’importance du microbiote intestinal [4]. Les auteurs étaient depuis des années à la recherche d’une explication sur les contradictions de la version initiale de la ‘théorie de l’hygiène’.

Références

[1] [PubMed]  Strachan, D.P. ‘Family size, infection, and atopy: the first decade of the hygiene hypothesis’. Thorax. 2000; 55 Suppl 1: S2-10.
[2] [Free paper] Hadly, C. ‘Should auld acquaintance be forgot’ EMBO Rep. 2004; 5(12): 1122-4. 
[3] [PubMed] Rook, G.A. et al. ‘Old friends for breakfast’ Clinical and experimental allergy. 2005; 35(7): 841-2.

[4] Guarner F. et al., Nature Reviews Gastroenterology and Hepatology, May 2006, 3, 275-284.